Actu Tech – 28 septembre : anonymat sur internet, création d’un comité interministériel sur l’IA

Actu Tech – 28 septembre : anonymat sur internet, création d’un comité interministériel sur l’IA

C’est à chaque fois un plaisir de retrouver Delphine Sabattier et les plateaux de Bsmart TV pour commenter l’actualité et les enjeux de la Tech.

J’étais pour l’occasion particulièrement bien entouré avec Julien Pillot, économiste, enseignant-chercheur (INSEEC) et mon ami Tariq Krim (entrepreneur et Fondateur de cybernetica.fr) que l’on ne présente plus…

Pour les passionnés que nous sommes l’actualité Tech foisonne en permanence de sujets à impact sociétal qu’il convient de décortiquer, éclairer, dans le but de pouvoir transmettre à toutes et à tous des axes clé de compréhension. Cette fois-ci, il a été question d’anonymat sur internet, de la création d’un commité interministériel sur l’intelligence artificielle et du message que j’ai eu l’honneur de pouvoir délivrer à la conférence « IA for humanity » dans le cadre de l’AG des Nations Unies en faveur d’une IA Open Source.

Comme toujours sur le plateau de Delphine Sabattier, les échanges sont directs, précis, souvent techniques, toujours technologiques et j’ai pour ma part pris le parti de rester profondément optimiste !

Vers une fin programmée de l’anonymat sur internet?

Que le législateur, que le politique s’intéressent à un problème de société, c’est tout à fait logique. C’est une réalité il y a un problème de société aujourd’hui, sur le harcèlement, sur le côté agressif de ce qu’on peut trouver sur les réseaux sociaux. Cela a des conséquences très concrètes, très réelles. Ça peut être aller jusqu’à la mort d’adolescents. Ce n’est pas qu’un sujet de spécialistes, ce n’est pas qu’un sujet d’experts. Les conséquences d’internet touchent les françaises et les français dans leur vie quotidienne.

Création d’un comité interministériel sur l’IA : retenons la bonne dynamique en cours !

Réjouissons-nous ! Le président de la République, au mois de juin dernier, à l’occasion de VivaTech, fait un discours fondateur, il prend 2 heures pour notamment parler du sujet de l’intelligence artificielle, et il l’exprime très clairement : la France supporte l’Open Source, la France aime l’Open Source !

J’étais au DLD à Munich avec nos homologues européens. Tout le monde m’a parlé du discours du président de la République, en me demandant en fait une chose : dans quelle mesure il peut prendre un leadership au niveau européen pour faire bouger l’Europe.

Mon message sur l’IA aux Nations Unies…

Vous avez des moyens qui sont très importants, vous gérez des sujets comme la faim dans le monde, etc… Et bien, gérez l’intelligence dans le monde et permettez-nous de construire des IA génératives Open Source, en nous donnant les moyens !

La transcription intégrale de notre échange a été réalisée grâce à LinTO.ai l’IA vocale Open Source développée par LINAGORA

Delphine Sabattier:

Bonjour, bienvenue dans Smart Tech, cette édition est entièrement consacrée aux débats qui animent cette planète du numérique. La planète de l’innovation également, on va s’intéresser à la bataille avortée autour de l’anonymat. On va s’intéresser à l’intelligence artificielle, évidemment, avec la création d’un comité interministériel de l’IA générative. C’est parti pour le grand débrief de l’actu tech dans Smar Tech.

Delphine Sabattier :

Alexandre Zapolsky, président de LINAGORA, bonjour Alexandre !

On commence avec cette bataille avortée contre l’anonymat, qui s’est jouée dans les coulisses de l’Assemblée nationale, pendant les travaux autour de la loi pour sécuriser et réguler Internet. Alors ce sujet, c’est pas la première fois qu’il créé la polémique. Est-ce que son retour sur le devant de la scène vous a étonné?

Alexandre Zapolsky :

Non, parce que effectivement, c’est un un débat qui est presque aussi vieux qu’internet.

Delphine Sabattier :

Enfin on a l’impression qu’on avait refermé le sujet, que finalement, on s’était quand même tous entendus pour dire que l’anonymat n’existe pas sur internet. Donc pourquoi à chaque fois faut-il le rappeler ?

Alexandre Zapolsky :

Mais parce que la pression qui existe sur les réseaux sociaux est de plus en plus importante et donc les politiques eux-mêmes, qui sont très sensibles à ce qui se passe sur les réseaux sociaux s’emparent du sujet. Je dis souvent d’ailleurs que si les politiques passaient plus souvent par les passages aux frontières aux aéroports ça ferait très longtemps qu’on aurait résolu le passage aux frontières aux aéroports. Mais comme ils « by-passent » ça, ils ne sont pas confrontés à cette réalité-là. Mais pour le coup ils sont confrontés à la réalité du côté ensanglanté des réseaux sociaux et donc naturellement ils cherchent des parades, ils cherchent des solutions. Et est-ce qu’il faut organiser un débat sur le sujet, moi je pense qu’il faut l’organiser parce qu’on voit bien que il y a quand même un sujet derrière ça.

Delphine Sabattier :

Il reste des frustrations parce que finalement l’amendement ne passera pas, mais la pilule non plus, j’ai envie de dire. Elle passe par ce sujet, parce qu’on se dit enfin, en tous cas les députés qui défendaient cette volonté de combattre l’anonymat sur les plateformes sociales, se disent finalement si on oblige les utilisateurs a présenter la preuve de leur identité, ça va peut être les calmer?

Alexandre Zapolsky :

Il ne faut pas trop se réjouir, parce que ce matin, le texte qui va être présenté a été voté en commission spéciale. Et a priori, tout ça est simplement décalé. C’est-à-dire qu’en fait, il y aura un galop d’essai à partir de 2027, et une obligation de s’authentifier, d’utiliser la carte d’identité numérique à partir de 2030.

Delphine Sabattier :

Il y a l’idée politique et puis il faut rentrer quand même dans la technique, dans la mise en œuvre et là effectivement, on ne sait pas comment faire?

Alexandre Zapolsky :

Quand on a la chance d’être un bout de la voie du numérique français, on doit aussi avoir des approches posées et rationnelles. C’est-à-dire qu’il ne s’agit pas de participer à l’affolement général. La France est une démocratie il y a aucun doute en fait par rapport à ça, tout le monde peut dire ce qu’il veut, souvent on peut dire même plus que ce qui est normalement autorisé. Les contraintes en terme de liberté d’expression en France sont extrêmement basse et tous les gens qui se plaignent du manque de démocratie en France, le simple fait qu’ils puissent s’en plaindre montre bien que la liberté de parole existe.

Ensuite que le législateur, que le politique s’intéressent à un problème de société, c’est tout à fait logique. C’est une réalité il y a un problème de société aujourd’hui, sur le harcèlement, sur le côté agressif de ce qu’on peut trouver sur les réseaux sociaux. Cela a des conséquences très concrètes, très réelles. Ça peut être aller jusqu’à la mort d’adolescents. Ce n’est pas qu’un sujet de spécialistes, ce n’est pas qu’un sujet d’experts. Les conséquences d’internet touchent les françaises et les français dans leur vie quotidienne.

Il y a un autre phénomène que je vois, c’est que dans ces réseaux sociaux tous les positifs et constructifs ont tendance à s’éloigner, et résultat, cette anxiété, cette agressivité qui existent sont de plus en plus importantes et finalement ce sont les Tristus qui gagnent face aux Rigolus. Pour ceux qui connaissent, ce sont les vieilles BD de Pif. Et donc c’est normal que les politiques veulent se saisir en fait de ce sujet-là. J’ai peut être un regret dans toute cette affaire, c’est que on on n’arrive pas à établir un échange de qualité apaisé, construit. Est-ce qu’il faut trouver des solutions? Moi je suis convaincu qu’il faut trouver des solutions. Mais est-ce qu’il faut aussi prendre en compte les spécificités d’un certain nombre d’acteurs? Il faut aussi prendre en compte cette spécificité là.

Par exemple, les gens qui font de l’Open Source Intelligence, les gens de l’OSINT, naturellement ils s’inquiètent de la fin de l’anonymat sur internet parce qu’une grande partie de leur recherche se fait sous couvert d’anonymat. Alors est-ce-que ça pose une difficulté pour ces gens là ? Indéniablement. Il faut donc réfléchir comment au 21ème siècle, on va pouvoir continuer à protéger un certain nombre d’acteurs qui fonctionnent légitimement sous couvert d’anonymat.

Delphine Sabattier :

Alors ça permet d’enchainer sur le deuxième sujet, le sujet de la création de ce comité interministériel, sur l’IA générative. Ça vous semble intéressant, vous l’avez appelez de vos vœux, ça y est, le politique va pouvoir faire son aculturation, son éducation sur ces sujets de l’IA et des algorithmes?

Alexandre Zapolsky :

Réjouissons-nous ! Le président de la République, au mois de juin dernier, à l’occasion de VivaTech, fait un discours fondateur, il prend 2 heures pour notamment parler du sujet de l’intelligence artificielle, et il l’exprime très clairement : la France supporte l’Open Source, la France aime l’Open Source.

Est-ce qu’on peut avoir dans le domaine l’IA, est-ce qu’on peut avoir ailleurs dans le monde, une prise de position qui soit aussi clair, je ne crois pas.

J’étais au DLD à Munich avec nos homologues européens. Tout le monde m’a parlé du discours du président de la République, en me demandant en fait une chose : dans quelle mesure il peut prendre un leadership au niveau européen pour faire bouger l’Europe. C’est comme ça aujourd’hui que la France est perçue comme un chef de file au niveau européen sur les sujets Open Source, et ceux liés à l’intelligence artificielle.

Il y avait un certain nombre d’annonces qui avaient été faites à l’occasion de ce discours de VivaTech, et elles sont en train d’être mis en œuvre, c’est juste fantastique. Il y avait un appel à projets de la Direction générale des entreprises, quarante millions d’euros pour venir financer les acteurs français pour fabriquer des communs numériques dans le domaine de l’intelligence artificielle, la remise c’est le 24 octobre, c’est en cours.

Les IA cluster, c’est aussi en cours, l’ANITI est dessus par exemple à Toulouse, nous travaillons avec eux, ça a des répercussions très concrètes. On a des programmes de recherche avec ces gens-là et ça avance. On fait réellement, on finance réellement des acteurs français qui font de l’IA Open Source.

Et ensuite, il avait fait l’annonce de la mise en place. Alors c’était pas annoncé à l’occasion de VivaTech, Il l’a annoncé après. Il a rencontré Sam Altman. On a été un certain nombre à se dire, mais quand même c’est pas bien, le président ne rencontre que le patron d’Open IA. La semaine d’après, il recevait une partie de l’écosystème français de l’IA, dont les gens qui ont été nommé à ce conseil. Et au cours de cette réunion, la recommandation était de dire : il faut créer un conseil consultatif. Quelques semaines après, 2 mois après, on a ce conseil consultatif. C’est positif. Il y a une dynamique qui est en cours.

Delphine Sabattier :

Alexandre, c’est quoi cette histoire d’«IA for Humanity»?

Qu’est qu’il en sort de cette place qu’on va accorder à l’IA dans la société ?

Alexandre Zapolsky :

Effectivement, je reviens de New-York, j’ai été invité cet été par le TechEnvoy, je ne savais pas ce que c’était le TechEnvoy. C’est le représentant spécial du Secrétaire Général des Nations Unies, Monsieur António Guterres : Monsieur Amandeep Singh Gill en charge des grands sujets technologiques pour la planète. Il a décidé, cette année, d’organiser en marge de l’AG des Nations Unies un évènement autour de ce thème « AI for Humanity ».

Il m’a sollicité pour que je vienne parler d’IA Open Source. Cette parole-là était attendue. Pour faire court, je suis absolument convaincu qu’il faut qu’on développe des grands communs d’infrastructure numériques. Parce qu’il n’y a pas d’IA sans calcul, et donc il y a besoin de permettre aux développeurs Open Source d’accéder à ces grands communs d’infrastructure numériques.

Au niveau des Nations Unies, le message que j’ai fait passer est le suivant :

Vous avez des moyens qui sont très importants, vous gérez des sujets comme la faim dans le monde, etc… Et bien, gérez l’intelligence dans le monde et permettez-nous de construire des IA génératives Open Source, en nous donnant les moyens !