Internet et téléphonie mobile révolutionnent l’économie africaine. Le numérique pourrait contribuer à 10 % du PIB du continent à l’horizon 2025.
Comment un pays peut-il se développer quand il manque cruellement de routes, de lignes téléphoniques ou de moyens administratifs et financiers ? Grâce au numérique, ont répondu, avec un optimisme inébranlable, les intervenants des Journées Afrique, développement et numérique, à Paris la semaine dernière, sous la présidence d’André Vallini, secrétaire d’Etat chargé du Développement, et d’Axelle Lemaire, secrétaire d’Etat chargée du Numérique.
« Jouer à saute-mouton »
Ce dernier permet en effet en quelque sorte de « jouer à saute-mouton » avec les infrastructures lourdes et coûteuses incontournables jadis. Le paiement électronique sécurisé est une réponse à l’absence de réseaux de guichets bancaires, les relais radio de la téléphonie mobile à celle de lignes fixes enterrées. En réduisant les tickets d’entrée dans tout un tas de secteurs d’activité, le numérique accroît la concurrence. L’e-commerce et l’e-administration vont révolutionner, par la réduction des coûts qu’ils induisent, l’économie des Africains, à en croire les responsables des diverses start-up présentes, telles que Coliba (contenus numériques), LiFi-LED (infrastructures), GoMetro (e-gouvernement), i-Pay (moyens de paiement), PayGenius (paiement mobile) ou PAPS (services de coursiers).
Téléphone portable : deuxième marché mondial
Le téléphone portable, omniprésent (le continent constitue désormais le deuxième marché mondial en nombre d’abonnés), démultiplie les services rendus aux Africains, permettant par exemple à un agriculteur de repérer le marché à proximité offrant les meilleurs prix pour sa récolte. Là où les transports sont longs et coûteux, Internet constitue aussi un précieux auxiliaire dans l’enseignement, via les MOOC (cours en ligne ouverts et massifs) ou la santé avec l’e-consultation.
Des infrastructures à développer
Au total, selon Alexandre Zapolsky, patron de Linagora, et Thierry Breton, PDG d’Atos, le numérique devrait contribuer à environ un dixième du PIB africain dans dix ans, soit 300 milliards de dollars, trois fois plus qu’aujourd’hui.
La « baguette magique » du numérique ne pourra jouer, toutefois, qu’au prix d’un développement important des infrastructures afférentes. Certes, la capacité de transport de données par satellite double tous les cinq ans, a souligné Franck Fokam, patron d’IPers@t, et, grâce aux câbles sous-marins, la bande passante a été multipliée par 40 en quatre ans dans de nombreux pays africains.
Mais la « fracture numérique » demeure importante sur le continent. Ainsi, seul un ménage africain sur cinq dispose-t-il d’un accès à Internet, contre un sur trois dans les pays en voie de développement en général. Environ 1 Africain sur 5 seulement utilise Internet professionnellement de manière régulière, contre 4 sur 5 dans les pays occidentaux, a rappelé Pierre Chaume, de Nokia. De même, 340 millions d’Africains vivent à plus de 50 kilomètres d’une borne de fibres optiques.
Yves Bourdillon, Les Echos
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