Depuis près de 20 ans, la France a pris position très nettement en faveur de l’Open Source, notamment dans ses grandes administrations (Intérieur, Bercy, Agriculture, Gendarmerie Nationale…). Du premier projet Copernic qui a introduit l’Open Source dans l’administration fiscale, suivi de la création de l’Agence pour les Technologies de l’Information et de la Communication dans l’Administration (ATICA) en 2001 qui est l’ancêtre de la DINSIC et qui a aussi participé à la promotion de l’Open Source jusqu’à aujourd’hui, il y a eu d’innombrables étapes, batailles et combats pour développer les logiciels libres au niveau de l’Etat au profit des agents, des contribuables et des citoyens. Il y en a eu du chemin parcouru ! Il faudrait d’ailleurs raconter un jour toute cette histoire… J’ai eu la chance de la vivre comme acteur et cette expérience mérite d’être racontée. Peut-être pour mes vieux jours !
Puis, après le temps de la prise de conscience technologique et opérationnelle, il y a eu le temps de la prise de conscience politique et citoyenne, par nature plus long. Cette tradition gouvernementale de l’Open Source est heureusement devenue une constance historique et a traversé les alternances. Grâce à cette orientation continue, une industrie de pointe s’est développée en France autour de l’Open Source gouvernemental et de la sécurité des systèmes d’information publics. Cette filière d’excellence a même été distinguée par l’ONU en 2014 en classant la France 1ère nation européenne pour son système egov et 4ème nation mondiale, notamment du fait de l’excellence de son écosystème Open Source.
Cette préférence pour l’ouverture a été solennisée à plusieurs reprises, notamment par le Premier Ministre le 19 octobre 2012 à travers une circulaire.
Mais, jamais à ma connaissance, nous n’avons été aussi loin, aussi haut. A l’occasion de la journée dédiée à l’IA organisée par Cédric Villani, Manu a fait une déclaration très importante ce 29 mars 2018 dans un des temples de la science, le Collège de France : « Ce travail sera accompagné aussi par cette culture de l’ouverture, la promotion des logiciels libres, partout où nous pouvons développer ces derniers. »
Vous pouvez revoir son discours ici (passage cité à partir de 25:30) et retrouver sa transcription ici.
Puis, dans une interview pour Wired, Manu a précisé sa vision, pour ne laisser aucun doute :
NT: So the steps you’re taking to guarantee that is that all of the algorithms developed by the French government will be open, algorithms developed by any company getting money from the French government will also be required to be open?
EM: Yes.
C’est la définition même de l’Open Source, reprise par Manu.
Vous connaissez mes convictions en faveur des logiciels libres, inutile d’y revenir. En revanche, vous ne pouvez pas imaginer mon émotion et ma fierté de voir la plus haute autorité de l’Etat français reconnaître et promouvoir l’intérêt de l’Open Source, des logiciels libres et d’une forme d’éthique du numérique.
C’est une avancée majeure et, n’ayons pas peur des mots, historique. Elle vient récompenser le travail de tout un écosystème. Et maintenant, ce même écosystème est prêt à montrer concrètement ce que les logiciels libres peuvent apporter à la France à l’Europe et à une grande partie du monde.