L’invitation des Nations Unies

L’invitation des Nations Unies

Une IA réglementée au service de l’homme et pas l’inverse

Dans le cadre de l’Assemblé Générale des Nations Unies, j’ai été convié à prendre part à une table ronde de haut niveau intitulée « AI for Humanity » sur invitation de l’envoyé du Secrétaire Général des Nations Unies pour la Technologie.

Ce fut une formidable reconnaissance pour tout le groupe LINAGORA dans la quête qui est la nôtre depuis près d’un quart de siècle en faveur d’une 3ème voie Numérique…

Reconnu par les organisateurs comme pionnier dans le domaine de la troisième voie numérique et de la souveraineté numérique, c’est à ce titre qu’ils m’ont demandé d’intervenir !

Bien conscient de l’honneur qu’il m’a été fait mais aussi de la responsabilité que cela représente de porter la voix de tous ceux qui, comme nous, sont convaincus qu’une troisième voie numérique est possible, j’ai souhaité partager cette formidable nouvelle et enregistrer une vidéo à destination de tous ceux et celles qui nous font confiance depuis toutes ces années.

« Le 20 septembre ce n’est pas uniquement ma voix que je porterai mais la voix de toutes celles et ceux qui sont convaincus qu’un numérique alternatif est possible au service de l’homme !« 


Trois propositions :

Ça a été une opportunité unique de faire passer trois propositions à la fois au Tech Envoy et à l’ensemble des participants que je pense être indispensables:

  1. Le financement et le développement des grands communs d’infrastructure numérique
  2. La mise en commun de datasets publics
  3. La régulation

Il est grand temps de créer une voie numérique respectueuse de nos valeurs, ouverte à la concurrence, et au service de l’homme.

Cette voie est celle de la 3ème Voie Numérique que je porte depuis plus de 20 ans.

Cette voie, nous sommes nombreux à la porter.

« Bonjour à tous et à toutes.

Je vous ai annoncé il y a quelques jours ma participation dans le cadre de l’Assemblée Générale des Nations Unies, à une conférence de haut niveau dédiée au sujet “AI for Humanity”.

Je suis de retour de New York et je souhaitais partager avec vous les principales leçons de cette conférence et surtout les propositions que j’ai faites à la fois au Tech Envoy et à l’ensemble des participants.

Il y avait une vingtaine de ministres du Numérique présents, de nombreux ambassadeurs au numérique…

Et puis, chose étonnante, principalement du côté de la sphère privée les grands acteurs de la technologie les Big Tech, les GAFAM qui sont là, qui sont présents parce qu’ils ont compris que c’était le lieu où se prenaient les grandes décisions qui concernent le numérique mondial.

J’ai fait 3 propositions…

La première : au niveau des Nations-Unies de réfléchir de la façon dont on peut financer et développer des grands communs d’infrastructure numérique

Nous ne ferons pas d’Open Source AI, d’intelligence artificielle Open Source, sans avoir accès à des grands clusters de GPU qui nous permettent d’entraîner nos modèles.

Alors si en France et en Europe il y a de telles initiatives, de grands clusters publics et je pense notamment à nos amis du GENCI qui permettent, à partir du moment où vous faites de l’Open Source ou tout au moins de l’Open Science, d’avoir accès à ces ressources extrêmement importantes.

Néanmoins, ce n’est pas le cas de tous les développeurs du monde entier et notamment des développeurs qui proviennent des pays en développement, des pays d’Amérique centrale, d’Amérique du Sud, bien sûr d’Afrique ou d’autres pays de la zone Asie.

Il faut donner un accès à des ressources machines. Là dessus, ma conviction est très claire. Le président de la République a annoncé au mois de juin dernier, la mise en place d’un exascale à l’échelle européenne. C’est très bien, mais vu les délais de mise en œuvre et notamment des délais concrets, physiques, d’accès à des data centers, de mise en place de lignes électriques, il faut dès à présent travailler sur le passage aux etascales : c’est à dire l’exascale, puissance 1000 fois 1000.

Parce que c’est le seul moyen qu’on aura de rattraper le retard qu’on a vis à vis des grands fournisseurs, de LLM commerciaux des Big Tech qui aujourd’hui dès à présent investissent sur des clusters gigantissimes.

La deuxième : qui me paraît absolument essentielle, c’est la mise en commun de datasets publics

On ne peut pas faire d’IA générative sans moyen de calcul, c’était mon premier point mais sans accéder à des données et des données de qualité.

Il se trouve que dans chacun, dans chacune de nos grandes démocraties, dans chacun de nos pays, il existe des administrations, des agences publiques qui gèrent ce patrimoine informationnel, écrit, annoté, retranscrit, qui associe souvent : voix et écriture, mais aussi vidéo et écriture.

Ces biens communs doivent être mis en commun à une plus grande échelle.

Et ma conviction là dessus elle est très simple, c’est que chaque pays doit le faire et donc j’appelle de mes vœux à ce qu’on crée une agence des communs numériques pour pouvoir organiser le partage de ces datasets entre les différentes organisations.

Typiquement en France, l’INA, France Télévision, Radio-France et tous les autres… l’Assemblée Nationale, le Sénat, tous les départements, toutes nos collectivités, tous les conseils régionaux. Il y a une masse d’archives le ministère de la Culture, l’ensemble des musées…

Tous ces datasets, doivent pouvoir être mis en commun et être disponible sous des licences de type Copyleft pour que les acteurs de la Good Tech, de la Good AI ceux qui font de l’Open Source AI puissent avoir à disposition ces datasets et entrainés sur les meilleurs datasets possibles leur LLM.

Et donc il faut le faire à l’échelle de chacun des pays. Il faut le faire naturellement à l’échelle de l’Europe, mais il faut surtout le faire à l’échelle du monde.

Comme ça, on aura une représentation la plus large possible de toutes les cultures, cultures locales, cultures régionales, cultures nationales, mais aussi de toutes les langues : locales, régionales, nationales.

Et donc, c’est une mission qui est pour moi une mission d’intérêt général à l’échelle de certaines autres des missions des Nations Unies, comme celles par exemple, portées par l’Unesco.

C’est la proposition que j’ai faite au Tech Envoy.

La troisième partie de proposition : l’idée que je voulais partager à très haut niveau, concerne la régulation

Ma conviction, c’est que ce n’est même pas une conviction, c’est une certitude.

C’est que tous les LLM commerciaux ont été entraînés de façon illégale sur des datasets qui ne leur appartenaient pas et pour lesquels ils n’avaient pas le droit d’usage de ces datas et par ailleurs en violation complète des différentes réglementations et régulations qui peuvent exister comme par exemple chez nous en Europe, le RGPD.

J’ai une proposition qui est très simple, il faut bannir l’usage des LLM commerciaux qui ont été entraînés de façon illégale sur des datasets dont ils n’avaient pas le droit.

A côté de ça, je crois qu’il faut aussi initier une réflexion à l’échelle mondiale sur la relation entre droit d’auteur et intelligence artificielle. Il faut rappeler haut et fort la position constante de la France, de l’Europe, mais aussi des États-Unis en matière de respect de droits d’auteur. Et donc il faut défendre les ayants droit, défendre en fait le droit d’auteur et bannir l’usage de ces LLM commerciaux qui ont été entraînés de façon illégale sur des datasets sur lesquels ils n’avaient pas de droits.

L’innovation, oui, mais pas à n’importe quel prix !

Et la preuve c’est que si on est capable de réussir l’étape 2 des propositions que je défends, si on est capable de mettre en commun des datasets publics, on aura suffisamment de contenu pour entraîner correctement l’ensemble des OpenLLM dont le monde a besoin.

Je crois que la volonté du Tech Envoy, c’était d’avoir en fait un message positif, un message constructif, mais un message alternatif aux grands messages qui sont passés actuellement dans ce type d’enceintes.

Je vous donne rendez-vous dans le cadre de ces travaux pour les Nations Unies l’année prochaine parce que j’ai proposé qu’on continue ces échanges autour d’Open Source AI à l’occasion d’une journée qui serait dédiée aux grands enjeux de l’IA alternative à l’échelle mondiale.

Et j’espère bien que d’ici là, l’ensemble des contacts et des rendez-vous que j’aurai fait permettront de construire ces propositions.

Merci de m’avoir écouté.

J’ai été un peu long, mais je crois que la densité et la qualité des échanges que j’ai pu avoir dans le cadre de cette participation méritaient une telle vidéo.

N’hésitez pas en commentaire à me faire part de ces propositions, de votre ressenti concernant ces propositions.

Que vous soyez pour que vous soyez contre, initions le débat, mais surtout initions le changement.

Je compte sur vous, merci.

À très bientôt, dans la vraie vie ou sur les réseaux.«